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Poteau : ode à l'informel !

Poteau : ode à l’informel !

C’est toujours un plaisir pour L’heure des Mots de rappeler que dans l’espace francophone auquel nous appartenons, le Larousse français et camerounais cohabitent et le mot « poteau » en est une des mille et une preuves. Il est défini par le Larousse français comme une pièce de charpente disposée verticalement et servant de support. Dans le domaine de l’électricité, par exemple, le poteau est un support en bois ou en béton, d’une ligne électrique aérienne. Coupe d’Afrique des Nations oblige, on parle aussi « poteau » en football, et ici, c’est chacun des supports du but. Poteau rentrant, et poteau sortant, disent les spécialistes.

Vous vous rappelez sans doute du pénalty raté par Pierre Womé Nlend à la 94e minute lors d’un Cameroun-Egypte haletant le 08 octobre 2005, ici à Yaoundé. Son tir puissant avait heurté le poteau droit et renversé nos espoirs de qualification pour la coupe du monde 2006 en Allemagne. A cause de ce poteau du déshonneur, il ne sera plus jamais appelé en équipe nationale. Comme quoi, un poteau, ce n’est pas bon pour une carrière. Le « poteau », selon le Larousse camerounais, désigne les lieux ou alors les points de vente informels voire illicites. Les vendeurs de livres scolaires hors programmes et, plus récemment, les commerçants de médicaments de la rue, exercent leur activité commerciale en dehors des cadres autorisés, mais bénéficient néanmoins de la tolérance administrative. Ce qui donne libre-champ à la prolifération des « poteaux » dans nos rues. Dans le langage populaire, on dira : « Aller (trouver son compte) au poteau ». Ce n’est pas tout ! Le poteau évoque également la pratique du plus vieux métier du monde : la prostitution dans sa forme classique. Au Cameroun, quand on dit d’une femme, qu’elle « fait le poteau », ça veut dire qu’elle se tient à proximité d’un réverbère, donc sous la lumière, dans l’attente de candidats pour un voyage à destination du 7e Ciel. Vous l’avez compris, le poteau, par extension, c’est donc l’informel, le contrefait et l’imparfait. Après le match ayant opposé hier le Cameroun à la Guinée, il suffit de lire les réactions des internautes, pour noter qu’à l’unanimité, les Camerounais se demandent si l’entraineur sélectionneur de l’équipe nationale de football, n’a pas été recruté au poteau. A l’évidence, la question mérite au moins d’être posée, ne serait-ce que pour faire la différence entre original et photocopie, entre poteaucratie et méritocratie.

ALAIN PATRICK FOUDA

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